samedi 21 mars 2015

Une bibliothèque disparait


Ils sont de ceux dont on parle au passé.
Leurs cheveux d'argent soigneusement peigné, sont les témoins des années oubliées.
Ils rythment leur vie au grès d'habitudes comme pour conjurer ce futur trop étroit pour eux.
Ils savent qu'ils sont entrés dans la demeure où le jour baisse.
Ils se rappellent du temps jadis où on s'adressait à eux avec respect.
Aujourd'hui plus de dialogue, juste un chuchotement agacé derrière la porte.
Celui du fils au téléphone disant à sa sœur "c'est ton tour ce weekend d'aller les voir."
Ils feindront de ne pas avoir entendu, et diront "embrasse les enfants et sois prudent."
A nouveau seul dans la maison, ils dîneront entourés des photos au mur attestant qu'ils ont existé.
La symphonie prend fin et voici qu'approche le requiem.
Et venue l'heure où la voiture ne sortira plus du garage.
Et où on décidera pour eux d'un dernier voyage.
On utilisera à nouveau la vieille valise de carton qui les accompagnera vers la demeure du crépuscule.
Celle ou ces femmes habillées de blanc leurs diront chaque matin :
"Alors comment va t'on aujourd’hui ?"
Et après chaque visite des leurs enfants,
Ils espéreront que sera redouté et non attendu,
Cet appel qui dira qu'ils ne sont plus.


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