lundi 15 juin 2015

l'océan sans mémoire


C'est aux portes du Nefoud, que les bédouins appellent aussi l’enclume qu'il fût abandonné.

Là, devant cette étendue martelée par le soleil, là dans cet océan de sable sans horizon, là où le néant côtoie l'infini, allait débuter la véritable épreuve de son existence.
Lui le marchand d'esclaves, lui le criminel honni de tous, lui qui avait juré vengeance à ses juges, se trouvait face à son destin.
Dépouillé des apparats de la vie terrestre, il était livré aux bras impitoyables du soleil qui dans leurs étreintes passionnées brûlent les chaires des amants malheureux et brisent les rêves d'issues.
Il se retourna une dernière fois pour observer les remparts de sa ville, gravant à jamais dans son esprit l'image de son passé  et débuta alors sa marche vers l'inconnu ou chaque pas, chaque regard porté à l'horizon le rapprochait d'un lieu qui n'existe que dans le cœur de celui qui espère l'impossible.
La haine au cœur et la mâchoire serrée, il se jura de revenir pour faire payer au monde son infortune.
Mais après trois jours de marche, ses propres yeux le trahissaient.
Il apercevait au loin, des caravanes de marchands qui s'évanouissaient à son appel dans les vapeurs brûlantes du désert.
Le rire moqueur du vent venait piétiner ses espoirs de salut et lui rappeler que ses seuls compagnons seraient la morsure de la faim et le baiser brûlant de la soif.
La nuit, le rire du vent se transformait en complainte et hurlait à ses oreilles des récits de regrets, d'actes manqués et de questions sans réponses.
Il se mit à sourire et brusquement un rire de dément s'empara de lui, déformant son visage. Il hurla alors un torrent d'insultes au ciel comme pour défier le destin ; mais seul le sifflement du vent vint lui répondre.
Le rire se transforma en sanglots et les larmes jaillirent. Ses yeux humides observaient maintenant le ciel suppliant qu'on lui donne la chance du retour.
Ses vaines supplications l’entraînèrent vers le sommeil et dans le songe il trouva cet oasis improbable qui offre à l'égaré l'ombre salutaire du dattier et l'eau rafraîchissante du puits.
Mais à l'aube, le rêve pris fin quand le soleil  frappa ses paupières pour lui rappeler la cruelle réalité.
Il se leva et avança droit devant lui hagard.
La colère, le désespoir, la rancœur l'avaient quitté.
Il avançait maintenant comme dépouillé de tout, s'en remettant à qui voudrait comme un amnésique cherchant le chemin de sa maison.
Et, c'est arrivé aux limites des forces humaines, qu'il s’effondra sur le sable.
L’alcool du désert, avait nettoyé son âme.
Il sentit une ombre sur lui et une main vint se poser sur son front.
Était ce la mort ?
Il s'éveilla sous la tente d'un caravanier.
L'homme qui lui faisait face, avait le visage buriné et fort de ces marins qui traversent les étendues de sable d'une rive à l'autre du désert.
Quel est ton nom l'ami ?
Mon nom ?
Oui tu as bien un nom ?
Je l'ignore, je sais juste que je marchais dans le désert.
Et bien, que peux bien faire un homme sans nom dans le Néfoud ?
Je l'ignore.
Tu es un homme à la destinée bien curieuse mon ami, choisi ton nom car je jure par celui qui tiens ma destiné entre ses mains, qu'un homme qui à traversé le Néfoud a le droit de choisir son nom et une destinée tout aussi nouvelle.




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