dimanche 5 juillet 2015

Civilisation contre Barbarie

Le soleil était déjà haut lorsque le bruit du klaxon le réveilla. Il tira sur sa couverture pour libérer son visage et regarder cette masse grouillante qui accélérait le pas dans toutes les directions. Les uns s'extirpaient de la bouche de métro suffoquant et haletant en quête d'air frais quand d'autres y pénétraient la mine résignée, contraint d'affronter la chaleur de ce royaume souterrain ou les désagréments habituels étaient exacerbés par la canicule écrasante de ces derniers jours. La ratp avait été pourtant prévoyante, elle offrait à ses usagés des rafraîchissement pour soulager la chaleur intolérable mais rien ne semblait pouvoir apaiser la souffrance des voyageurs.
Il se redressa avec difficulté pour s’asseoir et chercha à taton derrière lui la bouteille d'eau qu'un passager compatissant lui avait offert. Il fit couler au creux de sa main l'eau tiède et la passa lentement sur son visage.
Aurait il comme hier, à la faveur d'un remord fugace, la chance de voir un passant lui déposer au creux de sa casquette ce ticket restaurant salutaire ?
Il se lèverait alors et irait jusqu'au coin de la rue Lepic et du boulevard de l’hôpital pour acheter un kebab. Il épargnerait la moitié pour le soir, mais surtout il rêvait encore de cette bière fraîche de la veille ; blondeur au parfum amère qui soulage l'instant sans promesses à venir.
Déjà deux heures mais toujours rien.
La croix lumineuse de la pharmacie affichait maintenant "Jeudi 3 Juillet 14:38 39,7°".
Était ce la faim, la soif ou la chaleur mais le monde exécutait devant lui une danse enivrante qu'il tenta de commenter par des paroles, censés pour lui mais incohérentes au sortir de sa bouche.
Barbare!
Barbare!
Mais les cortèges sans fin d'incroyants lui jetèrent des regards interloqués pour les plus compatissant.
Il s'allongea à nouveau sur son carton et répéta en pleurant: barbare !
Il déborda sans s'en rendre compte sur le trottoir et les passants l'enjambèrent à la manière d'un obstacle qui barrait la route à leur destinée active.
Il regarda le ciel et continua à répéter : barbare!

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