jeudi 27 août 2015

Soumeya

Elle s’asseya sur la pelouse du parc et s'adossa à un arbre.
Là dans ses bras, Hayat sa petite fille, dormait d'un sommeil si lourd que les cris des enfants alentours génèrent à peine.
Les branches du saule, formaient au dessus d'elle une voûte protectrice qui filtraient des rayons du soleil juste ce qu'il fallait pour réchauffer ses soixante seize ans.
Tout en berçant Hayat, elle observait les hommes qui plus loin discutaient avec les autorités à grand renfort de gestes, tantôt menaçants, tantôt suppliants.
Un des jeunes du village avait prit avec lui sa guitare et là non loin d'elle il se mit à jouer.
La douce mélodie l’entraîna loin des joutes oratoires des hommes et elle regarda le paysage de ce bel après midi d’Août.
Elle fixa l'horizon là où le ciel et la terre se rencontrent comme deux chastes amants cherchant le refuge des amours interdits.
elle ferma les yeux et s'assoupie.
La musique du jeune homme l’entraîna vers des lieux familiers et elle reconnue les rues de Homs.
De la boutique de son cousin Hamza le cordonnier elle pouvait entendre le marteau qui battait le cuir et sentir l'odeur de la colle qui embaumait.
Elle s'approcha doucement et vit Ali qui se précipita hors du magasin et la serra dans ses bras.
Oumi Oumi comme tu m'a manqué.
Mon fils, c'est bien toi ?
Oui oumi c'est bien moi tu me rejoins enfin.
Mais ou suis je ?
Tu es chez nous maman, c'est fini tout est fini.
Ils sont tous là maman, Leila, Samir et papa ils vont être fou de joie quand il te verront.
Assied toi maman je vais les chercher.
Non.
Non mon fils vient, vient près de moi.
Elle ferma les yeux avec force et se mise a pleurer, mon amour que n'étais je là pour te protéger le jour ou ils sont venu.
Elle le prit et se mise à le serrer dans ses bras aussi fort qu'elle le pût.
Toi mon tout petit mon dernier, pardonne moi, pardonne moi je n'étais pas là quand ils sont venus.
Tu n'aurais rien pu faire maman, ils n'épargnaient personnes n'y les femmes n'y les vieillards n'y les enfants. Papa a bien tenté de protéger Leila mais il n'a rien pût faire.
Mais ça n'est rien car ici c'est comme avant, plus de pleures plus de peurs et on y est pour toujours.
Elle l'aurait voulu plus que tout, mais elle le serra une dernière fois et lui dit à bientôt mon fils.
Elle ouvrit brusquement les yeux, juste à temps pour voir Hayat se réveiller.
De Samir son aîné la petite avait héritée les yeux.
Elle prit dans le petit sac estampillé HCR une sucette à la fraise que la fillette attrapa en souriant.
La route sera encore longue depuis la Hongrie vers l'Allemagne.
A Cologne, elle y retrouverait un neveu qui avait réussit aux dernières nouvelles à s'y installer.
Son martyr pourrait y prendre fin.
Mais avant, elle devait s'assurer que Hayat aurait un avenir et, qu'elle serait celle qui raconterait un jour à ses enfants que sa grand mère Soumeya avait existé.

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